A MON AMI ALFRED

Dans mes jours de malheur ,Alfred seul entre mille

Tu m'est resté fidèle ou tant d'autres m'ont fui

Le bonheur m'a prêté plus d'un lien fragile

Mais c'est l'adversité qui m'a fait un ami       

C'est ainsi que les fleurs sur les coteaux fertiles

Etalent au soleil leur vulgaire trésor 

Mais c'est au sein des nuits,sous des rochers stériles

Que fouille le mineur qui cherche un rayon d'or

C'est ainsi que les mers calmes et sans orage

Peuvent d'un flot d'azur bercer le voyageur

Mais c 'est le vent du nord c est le vent des naufrages

Qui jette sur la rive une perle au pêcheur

Maintenant Dieu me garde!ou vais-je ?Et que m'importe!

Quels que soient mes destins,je dis comme Byron

L'océan peut gronder,il faudra qu 'il me porte

Si mon coursier s'abat,j 'y mettrai l'éperon

Mais du moins j'aurai pu ,frère,quoi qu'il arrive

De mon cachet de deuil sceller notre amitè

Et que demain je meure ou que demain je vive

Pendant que mon coeur bat t'en donner la moitié

GEORGE SAND A SON AMI ALFRED DE MUSSET